Promouvoir une école inclusive pour les élèves allophones

Publié le 7 mai 2021 | Dernière mise à jour le 17 juin 2021

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Dans un contexte national marqué par l'accueil d'enfants de réfugiés et de mineurs isolés, tous les acteurs de l’Éducation nationale sont mobilisés pour accueillir chaque enfant, quels que soient son origine, sa situation et son mode de vie, au sein de l'École de la République.

Kristell Echegaray, Conseillère en formation continue et Coordinatrice de la cellule académique d’appui aux financements européens au Rectorat de l’académie de Poitiers, nous explique les dispositifs mis en place en Nouvelle-Aquitaine avec l’aide du Fonds social européen (FSE) pour promouvoir une école inclusive pour tous les élèves allophones nouvellement arrivés en France.

Quelles sont les causes du décrochage scolaire ?

Kristell Echegaray : Les jeunes accompagnés dans les UPE2A-Lycée (Unités Pédagogiques pour Élèves Allophones Arrivants) et dans les Dispositifs FSE rencontrent des difficultés diverses qui peuvent nuire à leur parcours d’apprentissage : sociales, liées à la situation économique des jeunes ou de leur famille, psychologiques, en fonction du parcours migratoire antérieur… Mais le point commun entre tous les jeunes accompagnés est la fragilité de la maîtrise du français, qui n’est pas leur langue maternelle et qui s’érige en obstacle à un parcours scolaire réussi.
Les élèves pris en charge dans les dispositifs UPE2A financés par le FSE, notamment, n’ont été que très peu scolarisés dans leur pays d’origine, pour des raisons diverses. On imagine sans mal les difficultés qu’ils peuvent rencontrer une fois qu’ils intègrent une formation correspondant à leur classe d’âge. Le FSE nous permet donc de proposer à ces jeunes un accompagnement renforcé et personnalisé dans la maîtrise des savoirs de base, indispensable pour leur permettre d’être pleinement inclus dans leur formation.
Les jeunes des UPE2A Lycée, quant à eux, ont en principe suivi une scolarité régulière dans leur pays d’origine. L’enjeu de leur prise en charge est donc de leur permettre non seulement de maîtriser le Français comme Langue Etrangère (FLE), mais progressivement de les guider vers le français spécifique à l’école, les Français Langue de Scolarisation, qui leur permettra de poursuivre leurs études en France.

Quelle est la particularité de l’enseignement dans une structure UPE2A et quel est l’apport du FSE ?

Les élèves des UPE2A sont avant tout des élèves scolarisés en classe ordinaire, avec les autres jeunes de leur classe d’âge. Leur emploi du temps est cependant adapté à leurs besoins : certaines disciplines, difficiles à suivre pour des élèves qui ne parlent pas français, sont remplacées dans l’emploi du temps par un enseignement de FLE/FLS/FLSco. Tout au long de l’année et en fonction des progrès du jeune, l’emploi du temps du jeune est révisé par l’enseignant d’UPE2A afin qu’il assiste à un nombre croissant d’heures de cours avec sa classe « ordinaire ». En effet, l’objectif de l’accompagnement en UPE2A est l’inclusion totale en classe ordinaire. Le cofinancement par le FSE permet aux jeunes de ces dispositifs d’être soutenus financièrement lorsque leurs ressources ne leur permettent pas de mener une scolarité sereine (aide au transport, à la demi-pension et à l’internat) et de prendre part à des ateliers artistiques grâce auxquels ils peuvent s’approprier la culture française et pratiquer la langue de leur pays d’accueil dans un contexte nouveau et concret.
Dans les dispositifs UPE2A financés par le FSE, qui accueillent des élèves aux faibles acquis scolaires, le fonctionnement est différent. Ces dispositifs fonctionnent comme des « sas » qui permettent aux élèves de renforcer leurs savoirs de base avant de réintégrer une formation classique. L’enseignement dispensé est extrêmement personnalisé et adapté aux besoins des élèves : de l’alphabétisation à la préparation du DELF scolaire (Diplôme d’Étude de la Langue Française), les enseignants s’appuient sur les compétences orales aussi bien qu’écrites. A l’enseignement du français s’ajoutent des cours de mathématiques, anglais, histoire/géographie/EMC (Enseignement Moral et Civique) et PSE (Prévention – Santé – Environnement), indispensable à la préparation d’une future inclusion en classe de CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle).

Quels sont vos outils pour accompagner les jeunes ?

Les enseignants-coordonnateurs déploient toute une panoplie d’outils indispensables à l’accompagnement des élèves allophones qui leur sont confiés, allant de la pédagogie utilisée en classe (pédagogie de projet, Méthode Naturelle de Lecture et d’écriture), aux techniques de suivi individuel (entretiens). Ils sont assistés dans cette tâche par des enseignants vacataires qui assurent l’enseignement des autres disciplines, et par les psychologues de l’Éducation Nationale, interlocuteurs privilégiés sur tous les sujets liés à l’orientation des jeunes.
Les stages en établissement scolaire et/ou en entreprise sont encouragés tout au long de l’année afin de permettre aux jeunes de découvrir différentes activités et carrières.
Le FSE permet aussi de mener à bien des actions de professionnalisation des acteurs : ainsi, les enseignants ont pu être formés à la MNLE (Méthode Naturelle de Lecture et d’Écriture) et échangent régulièrement sur leurs pratiques afin de surmonter collectivement les difficultés rencontrées. Le projet FSE de l’académie a ainsi permis une mise en réseau des quinze dispositifs UPE2A.

Quel bilan à mi-parcours pour votre projet ?

Dans le contexte sanitaire particulier que nous connaissons depuis mars 2020, il n’est pas permis de douter du caractère essentiel des dispositifs d’accompagnement pour élèves allophones. Malgré les difficultés liées au confinement et à la continuité pédagogique à distance, au moins 85% des jeunes inscrits dans ces dispositifs l’an dernier étaient en formation à la rentrée de septembre 2020. C’est bien l’ingéniosité et l’investissement remarquables des enseignants pour suivre les élèves à distance et les faire progresser qui doit être saluée, ainsi que la ténacité des leurs élèves si motivés…
Les élèves des dispositifs UPE2A financés par le FSE se destinent la plupart du temps à une orientation en CAP (en formation initiale ou en apprentissage).
En 2019-2020, 236 jeunes ont ainsi pu être accompagnés dans leur formation grâce au FSE.

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